Un clivage entre un Second Empire autoritaire (1852-1860) et un Second Empire libéral (1860-1870) est souvent un choix heuristique des présentations du régime, notamment historiques. Appliqué à la presse périodique politique, il révèle vite ses limites, ses insuffisances. Cette dernière, objet de nombreuses publications au XIXe siècle, a progressivement été en partie délaissée par les chercheurs au profit de travaux sur la presse en général. Prendre la mesure de l’influence des périodiques d’opinion, surtout des journaux, suppose de s’interroger sur la pertinence d’une approche strictement chronologique, qui opérerait un clivage exagéré entre deux périodes impériales. L’examen approfondi des relations entre l’arsenal juridique, préventif et répressif, déployé pour bâillonner la presse dans le décret organique du 17 février 1852, qui sera partiellement remis en cause dans les années 1860, et surtout par la loi du 11 mai 1868 qui s’en remet désormais à une surveillance moins drastique, ne doit pas conduire à minimiser le poids des choix politiques, économiques et financiers qui n’ont jamais cessé d’être adaptés aux circonstances. La presse politique est toujours parvenue à représenter une puissance, notamment morale, sur laquelle il fallait compter, du moins veiller à ne pas la minimiser, procurant ainsi une certaine unité aux dix-huit années du Second Empire.