La bande dessinée et l'image satirique entretiennent des liens étroits et anciens ; en anglais, les termes utilisés pour désigner la bande dessinée-comics, funnies-expriment le lien originel entre le médium et la finalité comique, de même que la désignation japonaise de manga, image dérisoire. La différenciation des deux formes est d'ailleurs un phénomène relativement récent. Si la bande dessinée émerge dans sa forme moderne dans les années 1830, comme un mode de narration par l'image-« roman en estampes », écrit Töpffer-le XIX e siècle est marqué par l'indifférenciation des deux modes d'expression, comme l'ont montré les recherches de Camille Filliot 1. Dans les pages des périodiques satiriques, la bande dessinée et le dessin unique se côtoient, et ce sont bien souvent les mêmes artistes qui signent l'une et l'autre ; Le Chat noir, exceptionnel dans ses registres et dans son goût pour l'innovation graphique, est cependant symptomatique de ce mélange des genres entre image satirique et bande dessinée. La traduction la plus directe de cette indifférenciation est l'absence de terme spécifique servant à qualifier cette dernière-qui n'apparaît, au fond, que comme une variante de l'image satirique pendant presque tout le XIX e siècle. Tout au long du XIX e siècle, la bande dessinée côtoie la caricature dans les pages de la presse illustrée, sans qu'il soit toujours possible de tracer précisément la frontière entre les deux-tant des formes intermédiaires viennent brouiller les délimitations arbitraires, comme l'observe par