Les sociétés préhistoriques de chasseurs cueilleurs de l’Holocène sont caractérisées par un fort développement de l’utilisation des ressources végétales, en Europe et au Proche-Orient. De récentes données archéobotaniques suggèrent également un ample recours aux ressources végétales sauvages en Afrique du Nord, pour l’alimentation (pignons, glands, tubercules, graines) et pour fabriquer récipients, cordes et tissus (stipa, notamment). Certaines opérations de récolte et de transformation de ces matériaux peuvent se faire à main nue ou avec des outils en bois ou matières dures animales. Cependant, une grande partie des tâches d’acquisition ou de transformation peut être réalisée avec des outils coupants en pierre taillée. L’utilisation de tels outils laisse sur les outils des traces renseignant sur la nature des végétaux récoltés et transformés, sur les opérations techniques réalisées avec les outils et leur place dans les chaînes opératoires, sur la conception des outils elle-même (choix des supports, configuration des parties actives, modes d’emmanchement), sur les gestes techniques eux-mêmes. Ces informations ont une portée technologique, économique et culturelle. Nous présentons ici des premières données issues d’études technologiques et tracéologiques réalisées sur des sites épipaléolithiques d’Algérie et de Tunisie (Kef Zoura D, Saint Trivier, Aïn Metherchem, Negrine, El Mekta, Bir Hamaïria). L’analyse tracéologique des outillages lithiques permet de compléter les informations archéobotaniques en ouvrant des perspectives sur des pans méconnus du système technique. Elle conduit également à comprendre une part importante des systèmes de production lithique. Les informations que nous apportons, issues de plusieurs sites, sont pour l’essentiel inédites et ouvrent de réelles perspectives de recherche. Elles révèlent le potentiel heuristique de collections issues de fouilles réalisées des années 30 aux années 80 du XXème siècle.