Le retard de croissance, considéré par les nutritionnistes comme la manifestation d'un état de "malnutrition", est parfois envisagé sous une dimension beaucoup plus globale d'adaptation à un environnement nutritionnel et sanitaire contraignant, comme peut l'être la forêt tropicale humide. En effet, l'organisme en croissance réagit aux difficiles conditions du milieu par un ralentissement de sa croissance, pondérale dans un délai rapproché et staturale sur le long terme. Néanmoins, la réduction de format corporel n'est pas considérée par tous comme une réponse adaptative aux conditions d'environnement. Ainsi, la formule "small is beautiful" ou "small but healthy", apparu dans les années 80, divise actuellement les anthropobiologistes. Il est classique de classer (les) groupes indigènes forestiers dans la catégorie des malnutris, ce qui peut amener à conclure qu'ils sont incapables de subvenir convenablement à leurs besoins et doivent être secourus par la culture nationale plus "civilisée". Il est dès lors important de faire la distinction entre un groupe de sujets mal nourris, qui nécessitent une assistance, et une population d'individus de petite taille mais généralement bien portants qui, au contraire, ne nécessitent pas d'intervention extérieure.