Les entreprises de matériel hydraulique appartiennent au secteur de la construction mécanique et de la grosse chaudronnerie, mais la nature de leurs fabrications (turbines, conduites forcées, …) les mettent en lien direct avec les grands chantiers de barrages, dans lesquelles elles ont, au fil du temps, rempli des fonctions diverses, de la simple fourniture de matériel à la conception voire la conduite de chantier quand elles se sont adjointes des bureaux d’étude. Depuis la fin du XIXe siècle, ces entreprises ont eu également des formes juridiques et économiques diverses, simples ateliers, entreprises familiales, éléments (services, filiales, …) de groupes nationaux, internationaux puis mondiaux. Leurs clients ont également variés, sur le marché national des premières entreprises électriques aux groupes des années 1930 puis à EDF, comme sur les marchés internationaux dont une des particularités a été la place prise par les chantiers réalisés dans le cadre de l’aide au développement. La place dans leur financement du crédit inter-entreprises stricto sensu et plus largement des relations financières entre les parties prenantes industrielles du secteur est donc multiple et complexe et autorise à tenter une typologie et une chronologie. Cette communication propose donc de caractériser ces relations et de les inscrire dans le temps. On se centrera sur la première phase, des années 1880 aux années 1940, où le crédit client fournisseur « classique » joue un rôle majeur, à base de délais de paiements âprement discutés, tant avec les clients que les fournisseurs. On évoquera ensuite plus rapidement les périodes suivantes, dominées par le monopsome d’EDF sur le marché national puis la conquête de marchés extérieurs dans le cadre de financements internationaux qui imposent de nouvelles pratiques dans des conditions beaucoup plus contraintes. On s’interrogera pour finir sur les conséquences pour ce type d’entreprises industrielles de leur marginalisation dans les négociations des conditions financières de grands chantiers.