Dynamique des représentations sociales de la croissance économique et de la richesse. Cette contribution porte sur la mesure de l’évolution des représentations sociales de la croissance économique et de la richesse, étudiées sur une dizaine d'année afin de déterminer l’appropriation de ces notions par le sens commun et leurs possibles modifications. Cette approche transdisciplinaire, faisant converger des problématiques de psychologie sociale et d’économie, s’inscrit dans le cadre initié par Moscovici (1961/76) : l’appréhension et la transformation de concepts théoriques dans la pensée quotidienne. La notion de « croissance économique » est un des critères fondamentaux de performance de nos économies. Le PIB est ainsi considéré comme un indicateur d’enrichissement et de bien-être. La plupart des économistes dira que le PIB mesure ainsi la « richesse » produite sur le territoire. De fait, ces notions théoriquement liées justifient une étude commune. Ainsi, la croissance étant un concept largement relayé par les médias, sa représentation devrait être dénotative plus que connotative, de même que pour la notion de richesses. Ces deux mots généralement considérés comme synonymes par les économistes devraient l’être aussi pour les non spécialistes. Cela devrait se traduire par des représentations sociales similaires et qui restent identiques au fil des recueils de données. Nous avons utilisé un recueil de données par questionnaire comportant des questions d’évocation sur les deux notions de « croissance économique » et de « richesse » ; une appréciation de la connotation de ces deux termes et une série de questions concernant les caractéristiques des répondants. Le recueil bisannuel est réalisé auprès d'environ 230 étudiants de 1er cycle universitaire par passation depuis 2004. Ainsi en 2014, nous disposions de plus de 1400 évocations collectées par notion. Nous avons utilisé la méthode créée par Vergès (1992) reposant sur une analyse lexicographique ainsi que sur la définition de catégories et permet aussi une appréhension hypothétique de la structure des représentations sociales (Abric, 1994). Comme attendu, les analyses lexicographiques et catégorielles montrent que les évocations du concept de croissance économique sont globalement le reflet de la définition qu’en donnent les économistes : augmentation du PIB donc des richesses produites. La croissance est donc perçue comme un élément positif producteur d’emplois, de revenus, de pouvoir d’achat donc de richesses et de bien-être. La représentation est stable. Cependant à partir de 2010, le mot "crise" prend de l'importance et vient diminuer cette similarité entre les définitions connotative et dénotative de la croissance. En revanche, cette orientation n'affecte pas les analyses de la notion de « richesses » qui renvoient à une représentation moins consensuelle et apportent d’autres pistes de réflexion. Abric J.C., « Les représentations sociales : aspects théoriques. », In J.C. Abric (Ed.), Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, p. 11-35, 1994. Moscovici S., La psychanalyse, son image et son public, Paris, PUF, (1ère édition, 1961), 1976. Vergès P., « L'évocation de l'argent : une méthode pour la définition du noyau central d'une représentation. », Bulletin de psychologie, XLV, n° 405, 1992, p. 203-209