Entre 1789 et 1914, le rythme du temps a semblé s'accélérer brusquement par rapport à l' "immobilité" apparente des époques antérieures. Bornant le large XIXe siècle, ces deux dates emblématiques marquent deux mondes l'Ancien Régime, et une époque qui s'éloigne de nous mais touche â notre quotidien. Les cent vingt-cinq années qui les séparent ont été caractérisées par de profondes mutations qui ont affecté les modes de vie de nos devanciers. Le XIXe siècle, dans l'acception large qui est celle de ce volume, a été le siècle des révolutions. Révolutions politiques, certes, mais aussi industrielles, économiques, scientifiques, culturelles, mentales... Essor des nationalités, de classes sociales nouvelles, exode rural, rétrécissement du monde dû aux progrès de moyens de transport nouveaux, développement de l'instruction primaire... autant de facteurs qui contribuent à modeler de nouvelles façons de vivre, et qui offrent bien des voies tentantes à l'historien désireux de comprendre une époque foisonnante â plus d'un titre. Certaines ont déjà été largement explorées, d'autres sont encore en friche. L'histoire des bibliothèques d'alors est plutôt à mettre dans la deuxième catégorie. Elle obère pourtant le développement des bibliothèques d'aujourd'hui, tout particulièrement en France. Ce phénomène à lui seul justifierait, si besoin était, la présente tentative, même si elle tient parfois de la gageure. Poursuivant le panorama brossé depuis le haut Moyen Age, par les deux tomes précédents, ce volume n'a pas la prétention de donner une vision définitive d'un aspect encore trop peu étudié de l'histoire culturelle de notre pays. Du moins veut-il prendre date en présentant un état actuel des connaissances, sans occulter leurs insuffisances, explorer quelques voies nouvelles et initier les travaux qui nous font encore défaut