C’est à travers le conflit, plutôt que par le partage, que les relations humains-animaux sont souvent abordées. Notre approche géographique de ces relations tente de dépasser la vision hiérarchisant les humains par rapport aux animaux et aux végétaux, en étudiant la place et les territoires de chacun dans l’espace et dans le temps. Le sens du mot territoire varie en fonction des disciplines et cette pluralité de définitions permet de mieux saisir la diversité et la complexité des interactions entre humains et animaux. La définition géographique de territoire attribue une portion d’espace à des individus ; celle de la psychologie met l’accent sur la dimension fédératrice du domaine privé, collectif ou public des individus ; celle de la zoologie s’apparente au domaine vital, qui est la zone qu’un groupe social utilise dans ses activités quotidiennes (alimentation, reproduction etc.). Dans chaque discipline, le concept implique qu’un territoire peut être défendu par des limites (physiques, biologiques, sociales, idéologiques) pour des raisons d’organisation, de contrôle ou de survie. Il implique aussi qu’une portion d’espace ne correspond pas à un seul territoire, et que les territoires y sont aussi divers que les agents (humains - citoyens, gestionnaires, chercheurs etc.; animaux – domestiques et sauvages ; végétaux – cultivés et sauvages etc.) qui les gouvernent, les occupent, les utilisent, en s’y superposant et/ou s’y entremêlant. Les relations entre les êtres vivants sont complexes et cerner leurs interactions demande dès lors de s’intéresser conjointement à plusieurs territoires.