Is informality an individual choice? Evidence from the field using a contingent-valuation survey in Tunisia
L’informalité est-elle un choix ? Éléments de preuve à partir d’une évaluation contingente pour l’assurance sociale en Tunisie
Résumé
In many developing countries and in the particular context of Middle East and North Africa (MENA) region, the challenge of informality is regarded as a fatality. This leads a large fraction of the population being deprived of any social security system. Following an original approach, a cross-sectional contingent valuation study was conducted in Tunisia, between August and September 2013, dealing with willingness to take-up two mandatory health and pension insurance schemes currently run by two national funds: ‘Caisse Nationale d’Assurance Maladie’ (CNAM) and ‘Caisse Nationale de Sécurité Sociale’ (CNSS), respectively. The sample size covers 456 respondents, all non-covered by any social security scheme (health or pension scheme) and recruited in all parts of the country (North, Central and South). The Willingness-to-pay (WTPs) of respondents are elicited in two sampling points: the informal markets (known as Souks) characterized by the high presence of informal workers and the public squares (known as Al-mydan) where peaceful demonstrations of unemployed people were commonplace following the so-called ‘Arab Spring’ that began in Tunisia at the end of 2010.
Results support the hypotheses that the proposition of a voluntary affiliation to mandatory insurance schemes, referred to as social insurance schemes, can be accepted by the majority of non-covered and that the WTPs stated are substantial. Willingness-to-join the proposed schemes by informal workers and unemployed varies regarding the three health insurance plans described (the scheme run by the CNAM includes three plans) and risks covered (with an added pension scheme or not). The WTPs declared, for each insurance scheme, show preferences (utility) of Tunisian households to both mandatory health and pension insurance schemes. Accordingly, this suggests important implications for the Tunisian health insurance policy (with universal health coverage goal in mind) and the pension system.
The message of this paper is to outline that informality is not an irrevocable choice and that control of social evasion in Tunisia is possible. Another strength of the paper is that it gives some data and information on a population generally difficult to reach, the demonstrators, although informal-workers (non-demonstrators) appear strongly interested by the insurance program.
Dans plusieurs pays en développement et en particulier au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, l’informalité est regardée comme une fatalité et laisse une proportion importante de la population non couverte par le système de sécurité sociale. Une enquête d’évaluation contingente a été menée en Tunisie en 2013, se proposant d’estimer les consentements à payer (CAP) pour deux régimes hypothétiques d’assurance volontaire : un régime d’assurance maladie géré par la ‘Caisse Nationale d’Assurance Maladie’ et un régime vieillesse géré par la ‘Caisse Nationale de Sécurité Sociale’.
L’échantillon se compose de 456 individus non couverts par un régime de sécurité sociale (maladie ou vieillesse), interrogés dans les régions Nord, Centre et Sud du pays. Les personnes interrogées ont été recrutées sur les marchés (souks) – caractérisés par la forte présence d’acteurs du secteur informel – et les places publiques (Al-mydan) – où s’organisaient régulièrement des rassemblements pacifiques de chômeurs pour revendiquer des droits sociaux peu après ce qui a été appelé ‘le printemps Arabe’ qui a débuté en Tunisie fin 2010.
L’intention d’adhésion déclarée par les travailleurs informels et les sans-emploi varie selon le type de filière de soins proposée et selon les risques couverts (avec ou sans assurance-vieillesse). Les résultats confirment les hypothèses selon lesquelles une affiliation volontaire à deux régimes d’assurance serait majoritairement acceptée par les non couverts et les CAPs déclarés pour cette affiliation seraient substantiels. Ils apportent donc des éléments de discussion en termes de politiques tunisiennes de santé (objectif de couverture santé universelle) et d’assurance-vieillesse.
Finalement, nos résultats montrent d’une part que l’informalité n’est pas un choix des individus et que le contrôle de l’évasion sociale en Tunisie est possible. D’autre part, la comparaison manifestants/non manifestants montre qu’il est possible de généraliser une offre d’assurance sociale au-delà du cercle restreint des « activistes ».