En Belgique, dans les années 2000, le contrôle de la migration familiale par mariage - première raison d'entrée et de délivrance d'un titre de séjour - s'est emparé des mécanismes de dénonciation des violences conjugales. Les discours politico-médiatiques au sujet du détournement de l'institution du mariage à des fins migratoires et les pratiques du dispositif de vérification des unions ont des répercussions sur les pratiques administratives et policières de protection des violences subies par des femmes étrangères arrivées par regroupement familial (avec un Belge ou un ressortissant étranger). En raison des violences, à des moments différents de leur vie familiale et de leurs parcours administratifs, ces femmes ont quitté le domicile conjugal. Dans les cinq ans suivant l'obtention du droit au séjour par famille, cet acte entame la perte du séjour sauf si l'étrangère s'avère être victime des violences conjugales. Cette disposition visant à protéger ces femmes présente des criticités et son application est lacuneuse. Les représentations bureaucratiques de la migration par mariage, les phantasmes de la fraude (ex. mariage gris, fausse violence) et l'évaluation étatique du risque migratoire perpètrent des formes des dominations conjugales auxquelles s'ajoutent les questions de la crédibilité/légitimité vis-à-vis des agents de l'État et de la connaissance des droits. Or, le statut administratif des conjoints revêt un rôle central. La violence familiale et administrative rend ces femmes vulnérables. Sur leurs corps l'action de la loi - emblème de la réglementation étatique et ressource mobilisable par les individus - croise des rapports de domination qui structurent en amont les politiques migratoires. La communication - basée sur des données collectées pour le projet Awareness and Migration : Organisations for binational couples' Rights Empowerment (AMORE) qui a analysé l'impact des politiques migratoires sur les familles binationales en France, Belgique et Italie - mettra en résonance le cas belge avec celui français.