Mon travail de thèse vise à analyser les pratiques agricoles urbaines à Saint-Louis (Sénégal) à l'aune du Droit à la ville. Deux axes orientent mon travail d'enquête. D'une part, je cherche à comprendre comment les pratiques agricoles urbaines sont perçues par les gestionnaires de la ville et les habitants et agriculteurs. Il s'agit d'interroger le rôle de ces pratiques et des espaces qu'elles produisent dans la qualité de vie des habitants. Il s'agit aussi de comprendre l'attitude des gestionnaires urbains face à cette activité. D'autre part, il s'agit de comprendre en quoi les pratiques agricoles offrent des moyens aux habitants de maîtriser le devenir de leurs territoires du quotidien. Il s'agit ici, d'interroger la prise en compte de cette dimension habitante lors des processus de production de projets d'aménagement. Mon intervention se focalisera sur ce deuxième axe. Je souhaiterais vous présenter les résultats préliminaires tirés de l'analyse d'un projet d'aménagement avorté : la modernisation de l'adduction en eau des maraîchers de Bango et Khor plus sobrement intitulé « projet de tuyauterie ». J'ai développé une méthode d'analyse des processus d'aménagement basée sur la comparaison de chroniques de projet. Il s'agit de recueillir le récit d'un projet par ses différents protagonistes. La comparaison de ces différentes chroniques d'un même processus permet de mettre en évidence les ressources politiques et les systèmes de représentation de chacun des protagonistes. Mais la chronique permet aussi de saisir la dimension contingente du pouvoir politique. L'échec de ce projet ne peut se comprendre sans prendre en considération le génie tactique de ses opposants, a priori moins pourvus en ressources politiques.Cette méthodologie est en cours d'élaboration aussi je souhaiterais que nous discutions de ses limites et améliorations possibles.