L'intégration des photographies d'amateurs dans la presse quotidienne française prend sens au cœur de mutations socio-professionnelles, socio-culturelles, socio-économiques, lesquelles exercent de multiples "pressions", à la fois contraignantes et productives sur les entreprises de presse. Dans ce contexte, les acteurs professionnels de l'information sont amenés à redéfinir leurs pratiques journalistiques. Cette redéfinition ne se réalise pas sans heurts, les "dissonances" qui, au sein de la presse, s'expriment à leur propos, en sont le reflet. Le travail de recherche que nous proposons s'appuie sur l'analyse des interprétations et des "polémiques" que les photographies d'amateurs ont suscitées dans la profession journalistique. Cette étude porte une attention particulière aux utilisations qui sont faites de ces productions, dans les pages des quotidiens, lors d'évènements "marqueurs" mais aussi lors de mobilisations plus "ordinaires". La recherche propose ainsi de saisir les enjeux qui sous-tendent l'intégration de ces photographies, les logiques et les stratégies qui les portent, en somme, les configurations qui font que ces témoignages font sens dans l’information. Les dissonances repérées interrogent sur la signification de cette intégration dans la manière de penser l'information de presse. Il s'agit ainsi d'envisager cette intégration comme participant à un mouvement de "testimonialisation" de l’information qui consiste notamment à mobiliser, valoriser et légitimer de manière plus conséquente des expressions singulières "récupérées", "collectées", "rapportées" puis intégrées dans des dispositifs éditoriaux qui les "font parler" et les mettent en discours.