Nous proposons une réflexion sur le rôle des normes et standards dans la gestion des données de la recherche, dans l’environnement de la politique de la science ouverte (open science). A partir d’une définition générale des données de la recherche, nous allons analyser la place et la fonction des normes et standards dans les différentes dimensions du concept des données, en particulier : •La nature factuelle (diversité, typologie), •Le lien avec les communautés (disciplines, instruments), •La finalité des données (processus, validation), •L’enregistrement des données (curation, arborescence et granularité). Chaque fois, nous dégagerons la tension entre plusieurs niveaux de standardisation, avant tout entre une approche générique au niveau des organismes et grandes infrastructures et l’insistance des communautés disciplinaires sur la spécificité des instruments et procédures, avec leurs propres normes et standards mais également avec une revendication assumée d’être différent, « hors norme ». Dans ce contexte, nous nous intéresserons à trois aspects faisant le lien entre le processus scientifique, l’environnement réglementaire et les données de la recherche : les protocoles éthiques, les systèmes d’information recherche (current research information systems) et les plans de gestion des données (data management plans). Se pose ici une autre question, celle de l’interopérabilité et de la mutualisation des services de l’information scientifiques. A partir des études menées par la Bibliothèque Scientifique Numérique (BSN) et le CNRS, nous essayerons de démontrer l’intérêt mais aussi les obstacles liés à la standardisation et normalisation dans le domaine des services de données. A l’échelle internationale, nous allons décrire l’effet normatif des principes FAIR sur la gestion des données de la recherche, ceci aussi avec un regard sur les initiatives et politiques qui s’y apparentent (GO FAIR etc.). Par la mobilisation d’autres normes et standards (métadonnées, protocoles d’échange, formats, data papers, sécurité, conservation…), les principes FAIR créent une sorte de « cascade de standards » autour des plateformes et entrepôts, avec un impact direct sur le fonctionnement et les pratiques au sein des équipes et laboratoires. Notre communication revient à la fois sur les enquêtes et observations produites au cours des dernières années, et sur les activités menées autour des données de la recherche par les professionnels de l'information (bibliothèques universitaires, gestionnaires de l'information scientifique…) et de la formation (séminaires doctoraux, journées d'études, formations...). Nous nous appuierons également sur les travaux du CNRS et de la BSN et sur d’autres publications. Face à un écosystème émergent du « big data de la recherche », en pleine effervescence, en posant la question des normes et standards, nous essayerons de mettre en lumière les tensions et l’impact sur le développement de nos pratiques et services, et nous aborderons la « force normative des faits » (Jellinek) et la durabilité des normes et standards dans un écosystème en mutation constante.