Les syndicats français sont souvent décrits comme ne se préoccupant pas de la dé-syndicalisation qui les frappe depuis la fin des années 1970, en raison de la faible part des cotisations dans leur financement, du maintien de fortes garanties institutionnelles et de leur choix de professionnaliser des militants plus que de recruter des adhérents. Dans ce paysage, la CFDT fait figure d’exception. Depuis bientôt 30 ans, elle s’est lancée dans une vaste stratégie de syndicalisation, dont le chapitre de cet ouvrage consacré à la CFDT retrace la genèse et les évolutions, mais surtout les conditions de mise en œuvre par les différents niveaux de l’organisation. Au-delà du cadrage donné par la confédération et ses évolutions, notre enquête questionne le rôle respectif du sommet de l’organisation et de la base dans la déclinaison de cette stratégie et dans son efficacité. Dans un contexte politique interne chahuté à partir de 1995, nous montrons l'hybridation de cette stratégie, la variété des formes organisationnelles choisies par les fédérations. Nous abordons enfin les conditions d’appropriation de ces politiques par les militants de terrain, les difficultés et résistances rencontrées. Cette enquête se fonde sur une analyse des archives confédérales et fédérales de la CFDT liées à la politique confédérale de syndicalisation et de ses effets, entre 1985 et 2003, ainsi que celle mise en œuvre par deux fédérations implantées majoritairement dans la fonction publique territoriale (Interco) et dans l’industrie métallurgique (FGMM), complétée par quelques entretiens.