Identifier l’usage en percussion lancée d’outils du Paléolithique inférieur : le cas des pièces façonnées en calcaire et en basalte
Résumé
L’identification de négatifs d’enlèvements sans contre-bulbes nets, sur les tranchants distaux de pièces façonnées bifacialement et/ou bilatéralement dans des gisements du sud-est de la France (Bois de Riquet, Terra Amata et Le Lazaret), a conduit à envisager qu’il puisse s’agir de traces d’usages. L’analyse Techno-Morpho-Fonctionnelle des pièces présentant ces types de négatifs permet de proposer un mode d’action en percussion et la morphologie des négatifs d’enlèvements (allongés, initiations larges, chevauchements), en comparaison avec les données issues de référentiels sur matériaux siliceux, étayent cette hypothèse. La confirmation de cette observation issue du matériel archéologique nécessitait la mise en place d’un référentiel expérimental dédié et constitué dans les deux matériaux les plus fréquents : calcaire et basalte.
Cette démarche expérimentale avait pour but de caractériser les traces d’un usage percussif sur le tranchant de l’outil (agencement et morphologie des macro-traces). Le protocole expérimental prend en compte différentes variables : les matières premières des outils bifaciaux (calcaire/basalte) ; le type d’outil bifacial (11 bifaces a tranchants transversaux/10 chopping-tools) et les matières d’œuvres (bois frais, bois sec, os frais). Concernant l’os, une large part des expérimentations a été réalisée dans le cadre du GDR 3591 Taph-Ena, CNRS-INE (Dir. J.-Ph. Brugal) dans une interaction entre technologues et archéozoologues. Ces derniers s’intéressent aux modes de fracturation osseuse (flexion/ sur enclume) et à la possibilité de les distinguer.
Les résultats obtenus portent sur le développement des macro-traces sur les tranchants, qui diffère selon la matière d’œuvre et le matériau employé. Le comportement à la rupture des dièdres de coupes en calcaire et en basalte n’est pas strictement équivalent, le basalte présentant une inertie supérieure. Par ailleurs, l’évaluation de l’efficacité de l’outil en fonction de la masse, du type de tranchant, du matériau travaillant et du matériau travaillé est également documentée. Ces premiers résultats permettent d’envisager la mise en évidence de l’emploi d’outils en percussion lancée au Paléolithique inférieur et ainsi d’identifier si un ou des techno-types d’outils ont pu être choisis préférentiellement pour cette activité.