“Aucune image, ou objet, ne parvient à épuiser l’idée d’une chose”. La représentation graphique de la 3e dimension, le relief 3D, sont des représentations illusionnistes qui nous donnent une construction mentale de notre environnement. Pour le musée/site archéologique départemental de Bavay, ce nouvel outil offre de multiples combinaisons permettant de créer un vaste réseau de données adaptées à différents publics. Un premier axe permet d’exploiter les informations disponibles sur le forum du IIe siècle, période la plus renseignée par l’archéologie. Une première maquette architecturale en volume statique a été réalisée pour apprécier des hypothèses de restitutions. Ces problématiques ont été débattues par des spécialistes de diverses disciplines réunis dans un comité scientifique de suivi. En entrant virtuellement dans les modèles recréés, il a fallu réduire les marges d’erreurs en rassemblant et recoupant la documentation disponible sans s’éloigner de la représentation réaliste attendue. La question reste posée sur les limites du travail de photo-réalité pour les chercheurs à moins de disposer de conventions de représentations identiques et partagées. Une réflexion est amorcée dans ce domaine et une première traduction amorcée sur l’éclairage antique dans le cadre d’un partenariat avec le Laboratoire d’Informatique de l’Université du Littoral (programme OASIS). Une deuxième piste de travail est de combiner dans un seul outil des objets, des matériaux, des faits historiques et des personnages en vue de présenter à un large public une image la plus réaliste et la plus complète possible du forum et des activités qui s’y déroulaient. Une piste de travail aurait pu être la reconstitution d’espaces à l’échelle 1 comme certains lieux d’interprétation de sites archéologiques peuvent le faire ou l’envisagent encore. Cette création de décors antiques permet d’amener les visiteurs au cœur d’un patrimoine historique en combinant contenus informatifs et moments chargés d’émotion. Les écueils rencontrés, une fois l’architecture remontée, sont qu’il n’y ait qu’un seul modèle proposé, figé et à animer : il faut faire vivre le nouveau lieu et l’inscrire dans la durée. La représentation du forum via la reconstitution numérique 3D augmentée du relief reste, certes, illusionniste, mais offre un mode de communication visuelle élargie au plus grand nombre qui allie en prime une totale flexibilité, l’interactivité et l’évolutivité. Combiné avec d’autres média (expositions, publications, maquettes statiques, visites guidées, hyperguides (PDA)), le film numérique devient un outil pédagogique de premier plan. Le troisième axe de développement concerne la constitution d’une base de données qui croise et valorise les multiples sources d’informations, offre une lecture individualisée, crée de nouvelles dynamiques de recherches et de partages. Ce volet du programme Cyberforum trouvera une exploitation en 2005 par l’installation de bornes interactives. Des requêtes d’information “à la carte”, des sources partagées au fur et à mesure de leur constitution…derrière, le décor illusionniste est disséqué, trié et expliqué. Le produit informatisé devient un formidable support commun de travail et de présentation qui s’actualise et s’enrichit au fil des différentes étapes de la recherche et de nouveaux modes de transmission de ces savoirs et de valorisation du patrimoine.