Bonjour et bienvenue à cette présentation du livre collectif Quantitative Semiotic Analysis paru chez Springer. La sémiotique, si l'on la prend du bas, est une discipline empirique fondée sur des méthodes hérités des sciences du langage, de la critique d'art et littéraire et de l'anthropologie ; si l'on la prend au contraire du haut, la sémiotique est un domaine bien défini de la philosophie, proche à la logique. Dans les deux cas, son objet est le sens, qui est traditionnellement vu comme coextensif au qualitatif. Le sens est ce que la statistique ne devrait pas pouvoir saisir, ce qui ne se laisse pas attraper par des chiffres. Cependant, de plus en plus de chercheurs commencent à mettre en question cette idée. Si c'est vrai que le sens a besoin d'être constitué du haut et du bas, comme concept et comme réalité sociale, rien n'empêche alors de s'ancrer à l'empirie avec des dispositifs scientifiques à jour et performants – en incluant donc des méthodes quantitatives ou quali-quantitatives. La préférence de la sémiotique traditionnelle pour les méthodes qualitatives s'explique aussi à partir de sa manière de concevoir le sens. Dès son origine, la sémiotique ancienne comme moderne s'est en fait fondée sur une conception autonomiste du langage. C'est-à-dire que l'on voit le langage, et plus en général le sens, comme un phénomène unique qui se distingue nettement du milieu physique et psychologique duquel il naît, et qui pourrait donc être étudié de manière indépendante.