Cet article propose une réflexion sur le comportement éthique et les pratiques méthodologiques qui se présentent lors de la constitution de corpus qui relèvent de la communication médiée par les réseaux (désormais CMR). En effet, compte tenu de sa très rapide expansion, au cours de ces deux dernières décennies et au vu de la multiplication des recherches dans ce domaine, il semble primordial de poser les bases d'une réflexion commune au sujet des enjeux sous-jacents de la constitution de corpus. Car s'il est relativement aisé d'acquérir des corpus relevant de la CMR, ces derniers demeurent néanmoins problématiques, et imposent d'être traités avec beaucoup de précaution ; il ne s'agit plus de discours littéraires ou d'archives ouvertement accessibles, mais de productions discursives personnelles. Il sera ici question d'un type en particulier de CMR : celui de la communication par SMS. En effet, la constitution de ce type de corpus pose un ensemble de contraintes que nous allons tenter d'exposer aussi exhaustivement que possible en première partie, avant de présenter par la suite les choix retenus par l'équipe du projet sud4science (http://sud4science.org/), lors de la constitution du corpus 88milSMS (http://88milsms.huma-num.fr/). Premièrement, nous exposerons les différentes contraintes éthiques et juridiques qui régissent la constitution de corpus électroniques (notamment de type SMS), ces corpus qui exigent consentement des donateurs car ils font apparaître de nombreuses données personnelles. Dans un second temps, nous présenterons brièvement les principales étapes de la méthodologie que propose le projet international sms4science, permettant la constitution de grands corpus de SMS. Enfin, dans une troisième partie, nous nous intéresserons plus en détails à la phase d'anonymisation du corpus 88milSMS, avant de chercher à en connaître les vrais enjeux éthiques, mais aussi juridiques, et de poser les bases d'une réflexion commune. Directement confrontés à ces problématiques dans le cadre de notre participation au projet sud4science, lors de la phase d'anonymisation, nous n'avons cessé de nous questionner quant à la mise en place d'une méthode permettant de conserver un maximum de données malgré les contraintes, et il nous paraissait donc essentiel de partager cette expérience dans le cadre de cette rencontre internationale sur la CMR.