Lendemains de Reconquête, recomposition politique, sociale et religieuse à Majorque et Valence au XIIIe siècle.
Résumé
Le propos de cette communication est d'éclairer les conditions dans lesquelles s'est effectué le passage des territoires majorquins et valenciens de la domination musulmane à la domination chrétienne. En effet, la particularité des royaumes de Majorque et de Valence au XIII e siècle, est qu'ils abritent des groupes de population profondément différents, voire étrangers les uns aux autres. Les plus nombreux sont les musulmans dont la domination sur plus des trois quarts de la péninsule Ibérique est effective au milieu du VIII e siècle, puis les juifs, nombreux également, bien que moins que les musulmans et qui sont présents en péninsule Ibérique depuis le I er siècle. Les territoires de Majorque et de Valence sont pour certains d'entre eux une simple halte sur les routes commerciales du bassin méditerranéen, et pour d'autres, le lieu de leur résidence. Jusqu'au début du XIII e siècle, les juifs y vivent sous l'autorité de princes musulmans qui leur imposent un statut de dhimmis, mais ils mènent une existence relativement libre. Enfin le 3 ème groupe, bien moins important numériquement, est celui des chrétiens, mozarabes, qui comme les juifs sont soumis au statut de dhimmis. Or la Reconquête lancée en 1063 progresse de façon notable au début du XIII e siècle et le royaume de Majorque puis celui de Valence tombent entre les mains des rois d'Aragon. La priorité est alors, pour le pouvoir royal, à la gestion nécessaire des territoires conquis. Étant donné le poids respectif des groupes éthnico-religieux en présence sur ces terres qui changent de maître, la convergence des intérêts du roi et de la minorité juive s'impose et oriente de façon originale les choix en matière de gouvernement. Le partage des terres aux lendemains de la conquête. Jacques I er « le Conquérant » s'empare de Majorque le 31 décembre 1229 et réalise la conquête progressive du royaume de Valence dix ans plus tard. Se posent à lui une série de questions : que faire des populations locales ? Comment assurer le gouvernement ou la gestion des territoires conquis ? et surtout comment rééquilibrer la proportion des groupes en présence, c'est-à-dire réduire la prépondérance des Musulmans. La politique royale prend deux directions : la première sur le long terme est l'incitation au peuplement des territoires
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