Longtemps, la référence à Vichy s'est inscrite dans le registre exclusif de la rupture, qui concordait avec la métaphore de la "parenthèse". La vision dominante, chez les juristes, de l'œuvre législative de Vichy a été largement influencée par la prégnance de cette idée, au demeurant congruente avec la dogmatique gaullienne selon laquelle Vichy n'était pas la France. Une nouvelle problématisation a progressivement émergé dans la sphère académique, comme en témoigne ce colloque, qui vise à mettre en évidence les continuités et non plus seulement les ruptures. Doit-on craindre, en insistant sur les continuités entre Vichy et la République - la Troisième, qui l'a précédé et la Quatrième, qui l'a suivi -, de banaliser Vichy, de gommer la spécificité du régime ? Il paraît sain de sortir Vichy du no man's land politique et juridique dans lequel on l'avait artificiellement enfermé et qui permettait de surcroît à "la République" de s'exonérer, par contraste, de ses propres tares. De fait, les continuités que l'on peut repérer peuvent être tout autant portées au "débit" de la République qu'au "crédit" de Vichy.