Vitruve nomme machinatio la troisième partie de l'architecture et il y consacre son dernier livre. Il est le seul auteur latin à employer ce mot pour parler de la mécanique en tant que discipline, le seul aussi à en donner une définition et à lui consacrer un traité, mais il existe un «genre mécanique» dans la littérature grecque. Pour embrasser l’ensemble de ce domaine il faut considérer à la fois les traités consacrés à la description de machines, à la mécanique théorique et aux problèmes de tactique. En replaçant Vitruve dans cet ensemble il se dégage que le livre X du De architectura fait partie d’une tradition de genre mais qu’il est aussi une œuvre originale par l’organisation de la matière car aucun traité conservé n’a réuni en un seul volume les différents aspects de la mécanique. En l’état actuel Vitruve peut être considéré comme le créateur d’une nouvelle syntaxe mécanique. L'examen de la littérature mécanique postérieure révèle que sa formule n’a pas été suivie et que son œuvre mécanique même a été ignorée. Cela tient à sa nature : Vitruve poursuit deux perspectives opposées bien qu’il cherche à les lier, l’une est culturelle, l’autre est pratique. Cela l’oblige à considérer à l’extrême son propos : il devient obscur pour les non spécialistes car la matière y est particulièrement difficile et il est insuffisant pour les spécialistes qui trouvent des développements beaucoup plus conséquents chez d’autres auteurs.

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