Les circuits courts alimentaires se sont beaucoup diversifiés dans la période récente, avec le soutien de l’action publique, favorisant une diversification des acheteurs. L’objectif de cette communication est d’explorer en quoi, à quelles conditions et avec quels effets l’entrée dans les circuits courts, par des consommateurs « ordinaires », peut contribuer à leur redonner du pouvoir sur leur consommation et, par-là, modifier leurs pratiques dans un sens favorable au développement durable. Ancrée en sociologie économique et des réseaux, cette exploration est basée sur le suivi, dans la durée, d’une diversité de consommateurs amenés à fréquenter un marché de plein vent doté d’un système d’étiquetage signalant l’origine des produits, contrôlé de manière participative. Nous montrons comment l’émergence de pratiques durables se comprend dans le cadre d’un nouveau système d’interactions et de relations généré par la fréquentation du marché et étayé par le dispositif d’étiquetage. Nous explorons en quoi ce système contribue à recomposer le rapport des personnes aux produits alimentaires et à l’acte d’achat. Le consommateur ordinaire en transition émerge en tant que sujet, ancré dans son territoire de vie, prenant le pouvoir sur sa consommation en devenant partie prenante de son système alimentaire. Cette exploration appelle à approfondir, à partir des circuits courts, la construction sociale de différents dispositifs de démocratie alimentaire pour favoriser la transition des systèmes alimentaires vers des systèmes plus durables.