Cette analyse repose sur une enquête, co-financée par le Ministère des sports français et l’Institut National des Sports, de l’Expertise et de la Performance, menée au sein du pôle France d’escrime entre 2013 et 2015. Ce projet s’est inscrit dans un contexte de remise en question du fonctionnement du pôle, puisque l’escrime française n’avait obtenu aucune médaille lors des Jeux Olympiques de 2012. Il s’agissait de saisir les contraintes pesant sur les entraîneurs, les escrimeurs et les escrimeuses de haut niveau et, dans ce cadre, de caractériser les modalités de coordination entre ces différents acteurs. Pour cela, nous avons réalisé trente-neuf entretiens et des observations de sessions d’entraînement, de compétitions et de réunions de l’équipe d’encadrement. Nous présenterons, dans un premier temps, une partie des résultats portant sur les contraintes temporelles vécues par les acteurs. Ceux-ci articulent dans leurs activités des échelles de temps diverses parfois difficilement compatibles. Dans un second temps, nous reviendrons sur la question de la réception des résultats de l’enquête et sur les difficultés inhérentes à ce type de projet aux finalités à la fois scientifiques et sportives. Nous mettrons l’accent sur trois types de contraintes : l’obligation de préserver la confidentialité de certaines données, la légitimité de notre position d’experts, et enfin la nécessaire articulation des temporalités de la recherche et des acteurs.