Objectifs : Déterminer, chez des blessés graves après accident de la voie publique, les facteurs socioprofessionnels et médicaux associés à une absence de reprise de l'activité professionnelle 3 ans après un accident . Matériels et Méthodes: ESPARR est une cohorte prospective sur 5 ans de 1 168 blessés de la route du département du Rhône, âgés de plus de 16 ans. Sur les 222 sujets gravement blessés (Maximal Abbreviated Injury Scale ³ 3) et en activité professionnelle au moment de l'accident, 141 sujets (63.5%) ont indiqué s'ils avaient repris une activité professionnelle au cours des 3 années après l'accident. Deux groupes ont été distingués : ceux qui avaient repris le travail au cours des 3 années (N=113 ; 79.1%) et ceux qui n'avaient jamais repris le travail (N=28 ; 19.9%). Les groupes ont été comparés sur des facteurs socioprofessionnels et des facteurs médicaux liés à l'accident et sur des facteurs médicaux à 3 ans de l'accident (analyse univariée : test du chi2 ou de fisher ; analyse multivariée : modèle linéaire généralisé). Résultats : Etre séparé veuf ou divorcé au moment de l'accident, la gravité des lésions initiales de la tête, de la face, des membres inférieurs, la séÎrité des lésions initiales (New Injury Severity Score³16), la survenue d'un état de stress post-traumatique la persistance de douleurs intenses, une mauvaise perception de la qualité de vie et de l'état de santé à 3 ans de l'accident, apparaissent comme des facteurs associés à l'absence de reprise du travail après analyse univariée. La gravité des lésions initiales de la tête, la persistance de douleurs intenses à 3 ans de l'accident et la survenue d'un état de stress post-traumatiques restent significativement associés après analyse multivariée à l'absence de reprise du travail à 3 ans à la suite de l'accident corporel chez les blessés graves. Discussion : La douleur chronique et l'état de stress post-traumatique apparaissent, dans cette étude, comme des déterminants essentiels sur lesquels il est possible d'agir. Ainsi une prise en charge précoce et adaptée de ces facteurs devrait favoriser la reprise du travail chez les blessés graves.