L’histoire des intellectuels restés à distance du Guomindang et du parti communiste chinois et qui, en 1949, décident de coopérer avec le nouveau régime reste mal connue. Cet article s’attache à expliciter leur choix et à rendre compte de leurs attitudes. L’analyse porte sur trois moments : la période charnière qui va de l’effondrement du Guomindang à la prise des villes par les forces communistes en 1948-1949, l’instauration du nouvel ordre en 1949-1950, et les transformations engagées entre 1950 et 1952. La période de transition apparaît au final comme une période pleine d’hésitations et d’incertitudes, durant laquelle le parti communiste chinois semble moins maître du jeu qu’on ne l’a dit, et la politique de front uni une stratégie risquée, aux résultats aléatoires. Pour ces intellectuels, dont le ralliement au nouveau régime n’est ni démission ni naïveté, elle correspond à une période d’espoir, d’accommodation et de désillusions, d’autant que dès 1951-1952 s’amorce la stratégie d’exclusion qui finira par dominer le maoïsme au cours des deux décennies suivantes.