Le XVIIIe siècle est une période de transition qui voie apparaître des phénomènes nouveaux, riches de sens, alors que la foi et la raison semblent progressivement diverger. L’architecture religieuse et surtout son mobilier, qui n’avaient pas suscité jusque là de grands débats en dehors de la célèbre question des images ou encore des multiples tentatives de reconstituer le temple de Jérusalem, font désormais partie intégrante des préoccupations esthétiques. Précédemment, seuls les écrits du Jésuite Binet ou les traités d’architecture de Savot et Catherinot avaient amorcés une réflexion sur l’aménagement intérieur des églises. Les écrits de Charles Borromée avaient également tenté d’établir un maître-autel idéal, mais peu de diffusés, ils avaient eu un succès limité . Au XVIIIe siècle se multiplient les ouvrages théoriques prenant en compte l’aménagement de l’ensemble de l’espace ecclésial. Ces écrits émanent de personnalités différentes qui ne peuvent être considérées comme un groupe homogène. Les acteurs du débat sur l’architecture religieuse et l’aménagement de son espace intérieur sont essentiellement des architectes théoriciens, parfois amateurs, parfois religieux, mais sans que cet état semble prendre véritablement le pas sur les considérations esthétiques. Le siècle avançant, les religieux semblent d’ailleurs abandonner totalement la question de l’aménagement des églises aux seuls architectes. De plus, ces divers théoriciens proposent parfois des solutions divergentes, ou fonctionnent sur le mode de l’analyse et de la réponse, comme Laugier et La-Font-de-Saint-Yenne. Il faut également prendre la mesure entre les écrits et la réalité, car les idées du curé Thiers, ou plus tard celles du jésuite Laugier, ne recouvrent pas celles de l’ensemble du clergé. En raison même de cette variété et de sa nouveauté, ce grand débat d’idée est exemplaire, il constitue le point de convergence de recherches liturgiques, esthétiques et architecturales.