Objectif.– Les personnes âgées souffrent fréquemment d’insomnie et des apnées du sommeil (SAS). Le SAS peut lui-même induire des plaintes d’insomnie. La polysomnographie (PSG) est le gold standard pour le diagnostic du SAS mais elle n’est pas indiquée systématiquement devant une insomnie. Reconnaître le SAS devant une plainte d’insomnie est cruciale car la prise en charge est différente. L’objectif était d’étudier les caractéristiques et les facteurs prédicteurs d’apnées du sommeil chez les sujets âgés souffrant d’une insomnie chronique. Méthodes.– Étude observationnelle dans un hôpital universitaire. Soixante-quatre patients âgés de 60 ans ou plus (âge moyen 72 ans) adressés en consultation sommeil et remplissant les critères de la définition de l’insomnie chronique selon la classification internationale des troubles du sommeil (ICSD-2) ont été inclus. Ils ont été interrogés sur leur habitude du sommeil et les signes de retentissement diurne. Une PSG ambulatoire nocturne suivie le lendemain d’un test itératif de latence d’endormissement (TILE) ont été réalisés. Le SAS a été défini sur un index d’apnées-hypopnées (IAH) ≥ 15/heure de sommeil. Résultats.– Quarante-quatre patients sur 64 (68,7 %) avaient un SAS. Dans le groupe SAS, il y avait plus de patients rapportant des ronflements (p = 0,03). Ils avaient un index de masse corporelle (IMC) plus élevé (27,4 kg/m2 contre 24,2 kg/m2, p = 0,002) mais sans franchir le seuil d’obésité, et une valeur au TILE plus courte (9,7 min contre 14,2 min, p = 0,006) mais normale (> 8 min). Les analyses en régression ont montré que seuls l’IMC (OR = 1,33, p = 0,011) et la valeur au TILE (OR = 0,87, p = 0,031) étaient prédicteurs de la présence du SAS, alors que l’âge, l’IMC, les ronflements, la latence d’endormissement, la valeur au TILE et la consommation d’un agoniste du récepteur au benzodiazépine étaient prédicteurs de la sévérité du SAS. Conclusion.– Dans cette étude, le SAS était fréquent chez les patients âgés souffrant d’insomnie chronique. Quelques caractéristiques étaient prédictives du SAS mais elles restent difficiles à reconnaître en pratique clinique chez ces insomniaques âgés. Nos résultats suggèrent que la PSG devrait être plus largement indiquée dans cette population.