Les questions relatives aux animaux sont généralement considérées par les juristes comme des questions marginales ou anecdotiques qui méritent à peine plus qu'une note de bas de page dans les traités et les manuels. Pourtant, depuis quelques années, la société civile oblige à reconsidérer cette attitude méprisante. Quand le code civil français vient d'être enrichi d'un article 515-14 reconnaissant que les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité et au moment où l'on apprend qu'un tribunal argentin a expressément reconnu la qualité de sujet de droit non-humain à un chimpanzé le 3 novembre 2016, il semble, en effet, y avoir désormais une certaine urgence à se demander si, contrairement aux idées reçues, les animaux, eux aussi confrontés à la vie et à la mort, à la douleur et au bonheur, à la servitude et à la liberté, ne renvoient pas aux questions juridiques et anthropologiques fondamentales. Ainsi, le droit animalier pourrait-il apparaître comme une discipline innovante d'une portée théorique ignorée ou sous-estimée. C'est cette portée méconnue que l'article, écrit à quatre mains par un privatiste et un historien du droit, se propose de commencer à dévoiler.