Il a été démontré que les conflits armés provoquent, outre les drames humains, des dégradations de la biodiversité, dans ses dimensions écosystémique et spécifique notamment (Nackoney et al., 2014). La Forêt Classée du Haut Sassandra est un cas d’étude intéressant pour ce genre de processus dans la mesure où, durant les conflits, une massive infiltration de migrants dans la forêt classée a provoqué un brusque recul de la couverture forestière et une perte notable de la diversité végétale (Barima et al., 2016). Nous avons créé un modèle issu du croisement d’un automate cellulaire et d’un système multi-agents permettant de simuler les déplacements (dans et hors de la forêt classée) et les jeux d’acteurs (liens entre chefs d’exploitation et ouvriers ; villageois exploitant les produits forestiers non ligneux et les migrants cultivant le cacao dans la forêt ; agents de la société de protection de la forêt). La simulation sociale génère, en sortie de modèle, des scénarios sous forme de cartes du défrichement dans la forêt classée. Ce modèle a d’abord été conçu comme un modèle rétro-prospectif pour tester des hypothèses sur les dynamiques sociales qui sous-tendent ce processus (Andrieu et al., 2016), après avoir travaillé sur sa justesse par la confrontation à la réalité (télédétection). Ce modèle ayant été validé, l’objectif est de présenter une modélisation prospective pour illustrer les possibles conséquences, en termes de conservation de la couverture forestière, de différents scénarios démographiques et de différents choix politiques. Par une logique géoprospective, deux scénarios seront évoqués tel que la poursuite des tendances de la période de conflit dans le modèle et une proposition de restauration écologique.