Les communs (ressources mises en commun et gouvernées en commun) ne doivent pas être la pure et simple résurgence de communautés traditionnelles (agricoles médiévales – Coriat, 2015 – ou ouvrières – Laval, 2014, Michéa). Les communautés traditionnelles sont marquées par la primauté des relations holistes en leur sein. Celles-ci, certes, sont susceptibles de satisfaire l’aspiration des individus pour des formes de solidarités sociales dissoutes par l’atomisation individualiste des sociétés occidentales. Néanmoins un tel holisme peut être contraire aux valeurs d’autodétermination et de protection de la personne contre l’oppression. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de ne pas se contenter d’une approche exclusivement auto-organisatrice mais de penser, à la marge des communautés auto-organisées, une institution tierce capable de régler les relations sociales afin que celles-ci ne soient pas la source de relations de domination. Une telle approche dite républicaniste (Pettit, 2004) est une voie fructueuse pour penser l’articulation du primat des relations sociales avec la préservation de la liberté individuelle comprise comme liberté sociale ou liberté en société (plutôt que la liberté comme droit de se séparer, Walzer, 1990).