Cet article porte sur l’expérience du collectif au sein du Observatoire Critique mis en place dans le cadre du projet de recherche La scène augmentée à l’occasion du colloque dirigé par Josette Féral (Univ. Paris 3) et Louise Poissant (UQAM) Corps en scène : l’acteur face aux écrans qui s’est tenu à Paris du 3 au 5 juin 2015. Nous avons réuni un groupe de jeunes chercheurs et d’étudiants de plusieurs universités pour constituer un lieu d’échange, de réflexion et de partage à organisation horizontale dont l’objectif était de suivre le déroulement du colloque et d’expérimenter différents langages et outils numériques de communication et d’archivage, produisant une chronique réfléchie et participative de l’évènement. Grâce à la collaboration technique du responsable des projets numériques du Labex Arts-H2H, l’Observatoire critique a ainsi produit une riche et hétérogène moisson de matériel (textes courts et longs, entretiens vidéo, photos, bandes dessinées, etc ; cf sites internet : https://storify.com/obsCritique et http://obervatoirecritique.tumblr.com). Après les journées de colloque, une session de travail interne a permis de partager les différents avis sur l’expérience, ses points forts et ses limites. Il est émergé que la plateforme numérique expérimentée avait permis une dynamique spontanée de division des tâches, mais aussi favorisée la spécialisation de chaque participant dans un média spécifique, en limitant ainsi son champ d’intervention. De plus, si d’une part le collectif ainsi organisé avait rendu possibles l’échange, la confrontation et l’esprit de collaboration entre les participants, la centralité prise par le dispositif médiatique avait engendré des frustrations individuelles quant à l’épanouissement critique de chacun. Dans cet article, nous allons creuser ces premières réflexions, en nous posant plus particulièrement les questions suivantes : comment témoigner d’un événement scientifique en construisant un regard pluriel composé de différents regards individuels ? De quelle manière les technologies et les modes de communication permettent et influencent-ils l’organisation et le fonctionnement d’un collectif ? Quelles sont les opportunités et les risques d’une dynamique de travail totalement horizontale ? Comment passer de l’observation et de la communication à l’élaboration théorique et à la création ? Quelles stratégies collectives et quels protocoles adopter pour créer un équilibre satisfaisant entre actions individuelles et construction d’un ensemble cohérent? La rédaction de l’article sera elle-même l’occasion d’expérimenter des modes d’écriture collectifs et collaboratifs.