Préface à la pièce de Sibylle Berg Herr Mautz / Monsieur M. où la mort a le dernier mot.Monsieur M. met en scène une création aliénée, dans laquelle le critère esthétique « d’organicité » ou de perfection de l’oeuvre d’art n’a pas de place. Le principe de composition de la pièce est l’hétérogénéité. Sibylle Berg se plaît à jouer avec différents genres qu’elle pervertit et intrique les uns aux autres pour susciter la confusion du lecteur/spectateur. Son goût pour l’écriture introspective et le journal intime par exemple se manifeste tant dans ses romans que dans ses nouvelles, où elle adopte volontiers la perspective du diariste afin d’atteindre à une forme de dramatisation. Il se traduit au théâtre par de longs monologues autonomes dont frappent, paradoxalement, la dimension narrative et la rhétorique peu consciente d’elle-même, car dans les monologues de Sibylle Berg, les personnages se dédoublent pour devenir l’objet de leur discours, sans que cela engendre pour autant un dédoublement de conscience ou un approfondissement. L’ensemble des monologues constitue une sorte de polyphonie horizontale, refletde biographies ordinaires. La voix du narrateur elle-même s’y distingue à peine des autres dont elle n’est qu’un relais.Partie 1: Un homme sans qualitésPartie 2: Un vado mori grotesquePartie 3: Le bestiaire de Mme BergPartie 4: Jeux et décalages