L’objectif de cette étude était d’aborder la question minoritaire sous un angle différent, celui des minorités nationales, et de mettre en lumière un aspect de l’évolution du constitutionnalisme en Hongrie, peu commenté par la doctrine juridique. Il s’agit de l’adoption de la nouvelle loi fondamentale hongroise et plus précisément de son article D (« Gardant à l’esprit qu’il y a une seule nation hongroise unie, la Hongrie assume la responsabilité du sort des Hongrois vivant en dehors de ses frontières, et doit encourager la survie et le développement de leurs communautés (...) »). L’étude a permis de démontrer que sous couvert de protection de ses minorités nationales exogènes, dispersées depuis le Traité de Trianon dans les pays voisins, la Hongrie procède, depuis 1989, à une déconstruction juridique de l’histoire et à une réunification progressive, par étapes, de la nation hongroise par-delà les frontières. De la Constitution de 1989 à l’adoption de la nouvelle loi fondamentale hongroise en 2011, qui constitutionnalise le concept de « nation hongroise unie », la Hongrie offre un modèle de l’utilisation et de la construction de l’histoire comme instrument politique. Cela soulève un certain nombre de difficultés qui sont abordées dans l’article : ambivalence du concept de nation, remise en cause des « relations de bon voisinage », remise en cause des frontières (et des frontières de l’Union européenne notamment), question des naturalisations collectives, etc.