Etude des populations de scinques des Antilles françaises et propositions de gestion. Années : 2012-2016. Rapport final
Résumé
Summary. Systematics of Caribbean skinks was reviewed in 2012, and underlined a process of extinction. The main threats are linked with introduction of mammalian predators, particularly the Small Indian Mongoose, and habitat degradation. In the French Antilles, investigations focusing on the last skink populations are crucial to improve description of the taxa, and to document their distribution and ecology. These studies are also necessary to identify the threats and to develop a management strategy. The AEVA NGO, supported by DEAL of Guadeloupe, carried out a study from 2012 to 2016 to reach some of these objectives. The main surveyed territories were îles de la Petite Terre (Terre de Bas and Terre de Haut), la Désirade, îlet à Cochons, îlet à Kahouanne, Tête à l’Anglais, les Saintes (Terre-de-Haut and Terre-de-Bas), and some islets close to Saint-Martin (île Tintamarre, îlet Pinel and Caye Verte). In a lesser extent, Grande-Terre, Marie-Galante and Saint-Martin were also investigated. We focused on the populations of Terre de Bas (la Petite Terre) and la Désirade. We studied their ecology, and identified their habitats and threats. The skinks of Terre de Bas (la Petite Terre) belong to a species, which we described, endemic of that islet. It is probably one of the species of vertebrate with the smallest distribution and population size. It is threatened by the presence of Roof Rats. We proposed “Critically Endangered” (CR) as IUCN status, considering the risk of extinction. The skink of la Désirade inhabits a wider range of ecosystems than in Terre de Bas (la Petite Terre). The major threats are due to introduced predators (Cat, Roof Rat). We also observed one skink on Terre-de-Bas (les Saintes), which demonstrates the current existence of skinks on that island. On the other hand, we explored without observing any skink on Terre de Haut (la Petite Terre), Terre-de-Haut (les Saintes), îlet à Kahouanne, Tête à l’Anglais and îlet à Cochons. Finally we discovered a skink population on île Tintamarre and carried out a preliminary ecological study. Following these results in the French Antilles, we recommend management actions such as the eradication of introduced predators wherever that is possible and the restoration of sub-optimal habitats, especially low dry-stone walls, occupied by skinks.
En 2012, une révision de la systématique des scinques de la Caraïbe a révélé un inquiétant processus d’extinction. L’introduction de mammifères prédateurs, en particulier celle de la Petite Mangouste indienne, et l’altération des habitats, sont les principaux facteurs à l’origine de ce processus. Dans les Antilles françaises, des études portant sur les dernières populations de scinques étaient urgentes pour affiner la description des taxons, connaître leur distribution et documenter leur écologie. Ces études étaient également nécessaires à l’identification des menaces pesant sur ces populations et à l’élaboration rapide et fondée d’une stratégie de gestion. L’Association AEVA, soutenue par la DEAL de la Guadeloupe, a mené une étude, entre 2012 et 2016, pour commencer à répondre à ces objectifs. Les îles de la Petite Terre (Terre de Bas et Terre de Haut), la Désirade, l’îlet à Cochons, l’îlet à Kahouanne, Tête à l’Anglais, les Saintes (Terre-de-Haut et Terre-de-Bas), et quelque îlots proches de Saint-Martin (l’île Tintamarre, l’îlet Pinel et Caye Verte), ont été les îles les plus complètement prospectées. Grande-Terre, Marie-Galante et Saint-Martin ont également fait l’objet de prospections, mais de façon moins intense. Les populations de Terre de Bas de la Petite Terre et de la Désirade, déjà identifiées avant la présente étude, ont fait l’objet de suivis écologiques qui ont permis de mettre en évidence les habitats fréquentés par les scinques et les menaces pesant sur eux. La population de Terre de Bas de la Petite Terre s’est révélée appartenir à une nouvelle espèce endémique de cet îlot, que nous avons décrite. Il s’agit probablement d’une des espèces de vertébrés ayant la plus petite aire de répartition et le plus petit effectif. Elle est menacée par la présence du Rat noir. Nous avons proposé qu’elle soit considérée, selon les critères de l’UICN, comme en « Danger Critique » (CR), au regard du risque d’extinction pesant sur elle. L’espèce soeur de la Désirade s’est révélée occuper des habitats plus diversifiés. Les principales menaces pesant sur elles sont liées aux mammifères prédateurs introduits (Chat et Rat noir). Nous avons observé un scinque sur Terre-de-Bas des Saintes, ce qui démontre l’existence d’une population actuelle sur cette île. En revanche, nous n’en avons pas observé sur Terre de Haut de la Petite Terre, ni sur Terre-de-Haut des Saintes, l’îlet à Kahouanne, Tête à l’Anglais et l’îlet à Cochons. Enfin, nous avons découvert une population de scinques sur l’île Tintamarre, pour laquelle nous avons réalisé un suivi écologique préliminaire. À la suite de ces études, nous recommandons certains axes de gestion, notamment l’éradication des mammifères prédateurs introduits, lorsque cela est possible, et la rénovation des habitats sub-optimaux, en particulier les murets de pierres sèches, fréquentés par des scinques.