Les déserts centrasiatiques du Kyzyl Koum et du Kara Koum ont vécu en monde clos sous la coupe de l’URSS, loin des grands enjeux géostratégiques mondiaux. Le régime soviétique s’est efforcé de construire un vaste espace supranational afin d’intégrer ces périphéries désertiques au reste de l’Empire par la création de grands fronts pionniers hydro-agricoles. Avec la disparition de l’URSS et l’émergence d’Etats indépendants comme l’Ouzbékistan, le Kazakhstan et le Turkménistan, ces déserts désormais cloisonnés par de nouvelles frontières se fragmentent sous l’effet des différentes logiques territoriales nationales. Toutefois, avec la recomposition post-soviétique, les déserts deviennent un interface actif de flux de migratoires et de biens plus ou moins licites entre la Russie et un sud constitué d’Etats en proie au sous-développement. En outre, du fait de leur richesse en hydrocarbures, les déserts sont aujourd’hui propulsés sur la scène géostratégique mondiale sous la pression des grandes puissances. C’est bien à une complète redéfinition des enjeux économiques et des dynamiques territoriales que se trouvent désormais confrontés les espaces centrasiatiques.