Les données que nous présentons proviennent d’une enquête anthropologique engagée en 1999 sur la gestion du risque MST-Sida dans une plantation du sud Cameroun qui emploie plus de 6 000 travailleurs. Cette plantation possède un hôpital et 14 dispensaires de santé dispersés à travers les villages qui hébergent les travailleurs. Différents entretiens avec les membres du personnel administratif, du personnel de santé et des travailleurs, ainsi qu’une observation in situ à l’hôpital et dans les dispensaires nous ont permis d’apprécier les modalités de prise en charge de l’état de santé des travailleurs et les itinéraires de soin au sein de la plantation. A partir de l’exemple des MST et du Sida nous avons pu mettre en évidence : - l’impact de l’organisation administrative, conçue sur un modèle fortement pyramidal, dans la gestion de la santé du travailleur et de sa famille - l’impact de la stratification sociale au sein de l’entreprise, car l'accès aux soins dépend fortement du statut de travailleur, de la place qu’il occupe dans la hiérarchie administrative et sociale, et d’une catégorisation entre membres « légitimes » et « illégitimes » au sein des familles de travailleurs - l’impact de représentations normatives, notamment vis à vis des maladies sexuellement transmissibles, qui implique une gestion différenciée de la prise en charge. L'article décrit ce jeu plutôt complexe de hiérarchies dans l’administration, les services de santé et la société pour éclairer les relations entre soignants et soignés et discute des éléments de médiation de cette relation.