Au Cameroun, les exploitations forestières et les sociétés de plantation constituent des lieux de travail et de vie pour une partie de la population du pays. Dans ce contexte, en 1999/2000, il a semblé pertinent aux chercheurs (anthropologues) de prendre comme exemple l’une de ces entreprises agricoles pour y étudier la gestion de la sexualité des travailleurs et leur exposition aux risques de Sida et de MST, en faisant l’hypothèse que les entreprises forestières peuvent constituer des noyaux de diffusion de l’épidémie, largement sous-estimés, en direction de toutes les régions du pays et notamment dans les zones rurales. L’étude sur la perception et de gestion du risque vis à vis du VIH a conforté l'hypothèse initiale que les entreprises agricoles implantées en milieu rural constituent des lieux à risque de propagation de l’épidémie. Elle met également en évidence que les entreprises, quels que soient les moyens adoptés (dépistage systématique pour certaines, minimisation de l’épidémie pour d’autres), n’apportent pas toujours les réponses adéquates. De la part des travailleurs, même si chacun s’accorde à reconnaître la grande mobilité sexuelle à l’intérieur de l’entreprise, on constate que le danger reste toujours perçu comme venant de l’extérieur, de personnes catégorisées à risque comme“ les arrivages ” et non comme un danger de proximité. Le risque lié à la mobilité des travailleurs hors de la plantation, essentiellement vers leur village d’origine lors des vacances annuelles n’est absolument pas pris en considération.