Du fait d’une longue histoire industrielle, les bourgs de quelques milliers d’habitants qui concentrent les services et les activités économiques des zones rurales regroupent des populations ouvrières qui sont aujourd’hui touchées par la crise économique, ainsi que par le recul de l’État social. La fragilisation de la présence des services publics et leur privatisation depuis les années 1980 ont bouleversé la vie sociale et le rayonnement local de ces bourgs. C’est dans l’un de ces bourgs industriels, comptant 3 000 habitants et situé dans le Centre-Est de la France, que nous avons mené une recherche de terrain auprès des syndicalistes d’un atelier de maintenance de la SNCF. Enquêter au sein d’un syndicat de la Confédération Générale du Travail (CGT) dont les membres sont engagés à gauche et investis dans la vie locale permet d’aller au-delà des regards misérabilistes qui dépeignent les ouvriers des zones rurales comme des individus repliés sur eux-mêmes et forcément électeurs du Front National.