La gouvernance s’est imposée comme une notion permettant d’analyser l’évolution de l’Union européenne et de son fonctionnement. Depuis la crise des dettes souveraines et la réforme de UEM, elle est employée pour qualifier la coordination des politiques économiques nationales. Un tel choix peut laisser sceptique et l’article recherche à démontrer en quoi il est discutable, voire contestable. La première partie analyse les mécanismes de la gouvernance économique qui la conduisent à s’imposer aux gouvernements nationaux. Dans un premier temps, les choix des politiques économiques nationaux sont évalués par l’Union européenne sur la base de critères prédéfinis. Les réformes de la gouvernance économique ont conduit à la généralisation d’une telle technique. Dans un second temps, les choix nationaux sont soumis à l’approbation ex ante – notamment les budgets – des institutions de l’Union, sous peine d’une sanction ex post. La seconde partie s’intéresse aux caractéristiques de cette nouvelle gouvernance économique. Elle peut, tout d’abord, être qualifiée de technocratique. Elle conduit, au niveau national comme européen, à l’intervention d’experts pour juger les choix politiques des parlements et gouvernements. La multiplication des rapports et procédures rend la lisibilité d’un tel processus délicate. Or, cette apparence technique ne saurait cacher l’existence d’un véritable gouvernement économique, quasiment mécanique, conduisant à appliquer, parfois à l’aveugle et sans réelle cohérence, un dogme prédéfini. Il s’agit là du reflet de l’impossibilité d’instituer un véritable gouvernement économique de l’Union, qui risque à terme de remettre en cause les structures sociales et politiques nationales.