Dans le contexte de la rénovation en cours du site Richelieu de la Bibliothèque nationale de France, cette ethnographie conduite de février 2012 à mars 2013, à la demande de la BnF, visait à mieux comprendre les logiques d'usages des collections spécialisées (manuscrits, estampes et photographies, cartes et plans, monnaies et médailles, etc.) et d'en anticiper les évolutions dans les années à venir. Les observations et entretiens approfondis permettent de mieux comprendre le rapport des chercheurs aux collections patrimoniales, et éclairer les informations quantitatives disponibles sur les profils des lecteurs et leur satisfaction. La figure traditionnelle de l’affineur (qui vient travailler sur document pour approfondir sa connaissance) croise celle de plus en plus fréquente du moissonneur (qui vient reproduire en masse des documents pour les étudier chez lui), encouragée par la photographie numérique et un temps de recherche de plus en plus contracté. La possibilité – ou le sentiment d’une possibilité – de stockage illimité de données numériques potentiellement intéressantes renouvelle le rapport aux sources et ressources. Au-delà, c'est le rapport aux bibliothèques et autres lieux de conservation qui s’en trouve modifié, tout comme l’expérience in situ des lecteurs-chercheurs.