La Loire, plus long hydrosystème fluvial de France, avec un bassin hydrographique représentant un cinquième du territoire métropolitain, bénéficie de plusieurs formes de valorisation. Inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2000 sur plus d’un tiers de son parcours, entièrement classé en zone Natura 2000, regroupant 10 % de la flore française et près de 30 % des espèces européennes, le fleuve intègre deux réserves naturelles nationales : la Réserve Naturelle Nationale du Val de Loire (à hauteur de Pouilly-sur-Loire) et celle de Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (au niveau d’Orléans). Ces deux aires protégées appartiennent au réseau des réserves nationales fluviales et nécessitent ainsi de mettre en place, dans leur plan de gestion, des suivis écologiques (SE) focalisés sur la dynamique fluviale. Les paramètres hydrologiques et sédimentaires structurent en effet des milieux aquatiques spécifiques aux fleuves d’Europe de l’Ouest et tout particulièrement à la Loire. Le régime hydrologique de la Loire reste encore très « naturel » malgré la présence de grands barrages sur les hauts bassins, avec l’alternance de longues périodes de basses eaux (centrées sur les étés), des périodes de hautes eaux les hivers et des évènements hydrologiques extrêmes comme les crues. C’est d’ailleurs ce caractère immodéré du régime hydrologique qui vaut à la Loire d’être « un des derniers fleuves sauvages d’Europe ». Nous proposons de montrer comment l’expertise hydro-géomorphologique participe au maintien de milieux écologiquement riches et apporte des clés de compréhension essentielles du fonctionnement de la Loire. L’évaluation hydro-géomorphologique contribue à optimiser la gestion écologique de la Loire en ciblant les zones d’intervention dans le lit fluvial, lieu de biodiversité : réactivation de bras secondaires, lutte contre le déficit sédimentaire, ouverture de milieux condamnés à disparaître. Une telle approche ne peut se concevoir sans intervention humaine. La Réserve Naturelle Nationale du Val de Loire représente ainsi un territoire privilégié pour mettre en pratique cette forme d’évaluation environnementale appliquée aux impératifs de gestion d’une réserve fluviale, et répondre aux Directives européennes en matière de protection des milieux fluviatiles et de la biodiversité.