Il s’agit dans cette contribution de revenir sur un des nœuds gordien de la sociologie du pouvoir à savoir le rôle prétendu ou avéré des élites politico-administratives françaises dans le processus de décision politique. S’il est vraiment une question que les différentes contributions de cet ouvrage interrogent, c’est celle de la réalité du pouvoir des élites administratives françaises et italiennes dans la prise de décision politique. Les recherches de Sabino Cassese sur le cas italien montrent comment les différents corps de la haute fonction publique, pourtant dotées d’un prestige social moins fort que celui de leurs homologues français, arrivent à bloquer les politiques de réforme. De même, en Italie, la haute fonction publique malgré un profil sociologique “ d’élite modeste ” arrive à résister au changement. Fort d’un poids historiquement plus important, la haute fonction publique française a conquis depuis le début de la Vème République les sommets du pouvoir. Cette thèse se trouve encore confirmée par certains travaux qui soulignent le rôle de l’ENA dans le processus de fabrication des énarques d’un corporatisme D’État. Dans un même temps, la publication sous la plume de hauts fonctionnaires comme Bernard Sptiz et Roger Fauroux de l’ouvrage, Notre État. Le livre vérité de la fonction publique, montrent que seule une élite de l’Etat est aujourd’hui en mesure la modalité de sa transformation .