Humour et fragmentation : le Witz musical des Quelques phrases tirées des cahiers de brouillon de Georg Christoph Lichtenberg op. 37 et 37a
Résumé
Singulière à maints égards, l'oeuvre de Kurtág en deux versions op. 37 (soprano solo) et op. 37a (avec contrebasse), Quelques phrases tirées des cahiers de brouillon de Georg Christoph Lichtenberg (1996), interroge la forme du recueil fragmentaire. Les Cahiers de brouillon [Sudelbücher] de Lichtenberg (1766-1799) offrent à Kurtág l'occasion de travailler la notion d'humour et de Witz au sein de l'écriture fragmentaire. En effet, Kurtág n’a retenu que des « aphorismes » très courts de Lichtenberg ; presque tous prennent la forme de jeux de mots, de traits satiriques, d’expressions amusantes, dont certaines ont été analysées par Freud dans Le Mot d’esprit et sa relation à l’inconscient (1905). La question du recueil, déjà posée, notamment par Schlegel puis par Schumann en plein romantisme allemand, obtient ici une réponse moderne dans le cadre du "programme composé". Cette forme particulière a nécessité l'écriture d'une préface à la partition, rédigée par le compositeur, où il expose le problème du recueil, du cycle ; la relation intertextuelle entre les différents moments d’un programme composé, leur poids référentiel et citationnel ; l’abondance du paratexte ; la valeur et le rôle de l’interprète ou du lecteur ; la minutie extrême dans la mise en musique, et notamment dans la place accordée à l’ambivalence et à la plurivocité ; l’univers madrigaliste et la mise en scène sous-jacente dans une œuvre non-scénique.
Origine : Fichiers produits par l'(les) auteur(s)
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