En 2008, un diagnostic archéologique a été réalisé par Martine Derbois sur la commune de Méru (Oise), préalablement à l’aménagement de la ZAC « Nouvelle France ». Cette opération a permis la découverte exceptionnelle d’un atelier de verrier carolingien. Situé dans le pagus de Chambly, il est relié par un chemin au chef-lieu et au hameau contemporain d’Agnicourt, légué à l’abbaye royale de Saint-Denis. Cet établissement est caractérisé par la mise au jour partielle de deux édifices sur poteaux, d’un four domestique et par des restes de parois d’un four de verrier et de métallurgie occasionnelle associés à un niveau de « terres noires ». Le mobilier céramique permet de situer l’existence de cet atelier au IXe siècle. Le travail du verre est attesté par la découverte de scories, de creusets et de déchets de fabrication. Les produits finis en verre sont hétéroclites : vaisselles en verre, perles, éléments de vitrail, tesselles de mosaïque et lissoirs. Certains de ces objets ont été récupérés sur des sites antiques pour un recyclage du matériau, tandis que d’autres appartiennent clairement à la production de l’atelier. Celle-ci semble ainsi s’orienter vers la réalisation de pièces de gobeleterie assez variées, mais aussi de vitrages colorés. Les analyses physico-chimiques réalisées à la fois sur les déchets d’artisanat et sur les objets finis ont révélé l’usage de deux recettes de fabrication : l’une à base de verre sodique au natron, et la seconde résultant d’un mélange de verre au natron et de cendres. Il s’agit donc d’une remarquable manifestation de la mutation technologique qui a lieu dans l’artisanat du verre à l’époque carolingienne.