Au cours de la campagne de fouilles effectuée en novembre-décembre 2003 sur la nécropole d’El Deir, une tombe particulièrement intéressante par son contenu a été explorée. Située à l’extrémité du ridge qui constitue le secteur Est de la nécropole, elle porte le n° E46. Dans la très grande quantité de tissus sortis de cette tombe, le tri sur le terrain nous a permis de découvrir 27 fragments peints appartenant à différents linceuls. Dans cette tombe par ailleurs, de nombreux tissus teints à l’ocre rouge et à l’ocre jaune ont été retrouvés ; ils sont rares sur l’ensemble de la nécropole Est. Il s’agit de tissus très vraisemblablement tissés et teints pour les funérailles (ces teintures sans mordançage ne supportaient pas beaucoup de manipulation et encore moins de lavage et ces fragments ne présentent aucun raccomodage ou rapiéçage, comme pour la plus grande part des tissus de la nécropole). Les fragments de linceul étudiés se rattachent à un type bien connu, que K. Parlasca définit comme de « style égyptien ». Le défunt est représenté debout, de face, en costume osirien, revêtu du linceul décoré d’un réseau de perles, tenant en mains les sceptres en forme de crochet (heka) et de fouet (nekhakha), sur la tête – mais pas toujours - la couronne atef posée sur des cornes de bélier. De part et d’autre de cette figure, sur plusieurs registres, sont généralement représentées, à une échelle beaucoup plus petite, des divinités et des scènes funéraires ; l’ensemble est parfois encadré par un décor architectural, colonne avec chapiteaux en forme de papyrus, corniche surmontée d’une frise d’uraeus. Le vêtement osirien que porte le défunt présente un bandeau central, vertical, destiné à recevoir une inscription hiéroglyphique, ici très classique dans sa formulation.