A partir d’une étude qualitative des moyens d’existence des ménages défavorisés à Hanoi, l’article étudie le rôle de l’agriculture urbaine et périurbaine dans les stratégies de sécurisation alimentaire. Il montre d’abord que les dynamiques spatiales de la métropole émergente induisent une forte concurrence pour les différents usages de l’espace ; l’urbanisation se fonde largement sur des expropriations massives, et les terres agricoles semblent davantage considérées comme une réserve foncière au profit de la ville que comme une source alimentaire. Cependant, en tant que source de denrées peu chères, diversifiées et sûres sur le plan sanitaire, mais aussi en tant que source de revenus, l’agriculture urbaine joue un rôle particulier dans les stratégies de sécurisation alimentaire, et ce notamment pour les ménages pauvres. Cette pratique leur permet de réduire leur vulnérabilité tant dans le temps court que dans le temps long ; de la sorte, c’est un facteur de résilience. Ainsi, le processus d’urbanisation, qui compromet l’accès à la terre, paraît être particulièrement néfaste pour ces ménages : l’article propose alors d’analyser le développement urbain dans une perspective de justice spatiale. Ainsi l’approche en termes de sécurisation, qui insiste sur la dimension stratégique de la gestion des ressources, montre comment le développement urbain induit des inégalités croissantes dans la métropole émergente.