Le 31 janvier 2014, le président de la République fédérale Joachim Gauck a marqué la 50ème conférence sur la sécurité de Munich (MSC) avec un discours inaugural souvent présenté comme un tournant dans la politique étrangère allemande. Selon J. Gauck, l’Allemagne devrait en effet « s’impliquer plus tôt, avec plus de détermination et de manière plus substantielle » sur la scène internationale, et ce sans exclure l’engagement de l’armée fédérale. Ce discours semble inaugurer le passage de la culture de la retenue à une culture de l’intervention, a fortiori aux yeux d’une population majoritairement sceptique, voire hostile à une implication internationale accrue. Une analyse de l’intervention présidentielle amène dans un premier temps à se demander en quoi cette prise de parole dépasse la portée habituelle des discours présidentiels dans le dispositif institutionnel allemand, puis à s’interroger sur l’ampleur et l’orientation réelles du changement qu’elles affichent, avant de montrer pourquoi les destinataires principaux de ces discours n’étaient pas tant les participants à la MSC que les propres concitoyens du président.