L’attirance des jeunes pour les jeux vidéo inquiète les parents et les éducateurs. Une partie des questions qu’ils se posent porte sur les risques d’isolement et de désocialisation liés à une pratique excessive des jeux en général. Leurs inquiétudes concernent également les incidences de certains jeux en particulier, en raison de leurs thèmes et de leurs scénarios explicitement violents. Nous traitons ailleurs (Nachez & Schmoll, 2002) de cette question, qui concerne essentiellement les jeux vidéo de massacre, de type Doom, Quake, Duke Nukem, Hexen, ou Counter-Strike : la mise en scène et la simulation de la violence y sont limitées à l’arène virtuelle le temps d’une confrontation de quelques minutes, et le jeu offre dans la réalité, la possibilité de rencontres dans de nouveaux cadres de sociabilité. La plupart des joueurs, même protégés par leur anonymat, ont à cœur, quand ils jouent à ce type de jeu, de respecter les règles qu’impose une civilité minimale : injures « sérieuses » et tricheries relèvent du « trop » violent, le franchissement de cette limite menace le jeu lui-même, qui risque de cesser de n’être qu’un jeu. Celui-ci met en scène une extrême violence, qui doit rester dans l’espace de la fiction : la majorité des joueurs en ont une claire conscience, et la frontière est nette entre l’arène de combat et le hors-jeu.