Cet article porte sur l’analyse des termes en usage (et de leur signification) pour désigner les différents groupes dit « tribaux » du Népal oriental. L’article montre qu’au niveau local, les unités référentielles se définissent de manière segmentaire selon deux critères, à la fois distincts et combinés : la parenté et la localité — le clan localisé formant l’unité de référence la plus stable. Ces facteurs, ainsi que l’importance des migrations, des éclatements et des fusions des groupes, des dénominations exogènes et des re-nominations internes expliquent la grande confusion qui peut exister dans la démarcation entre les groupes, ce qui invite à s’interroger sur la manière dont ont émergé des catégories supra-locales. La prise en compte de l’histoire politique de la région permet de montrer que la plupart des catégories supra-locales désignaient originellement des fonctions politiques et foncières, ou sont nées d’anciens découpages politiques externes. L’article conclut alors sur l’influence des pouvoirs étatiques sur la nomination et la détermination des groupes, et ce, jusque dans cette région de l’Himalaya qui est pourtant demeurée longtemps en dehors de l’influence des pouvoirs centralisateurs.