La qualité de vie des populations africaines affectées par le paludisme est une interrogation à prendre en compte car le « palu » qui est un terme récurrent dans le discours des individus en matière de santé apparaît comme une dimension importante de leur vie quotidienne et affecte leur «qualité de vie ». L’hypothèse sur laquelle repose le propos des auteurs est que la permanence de l’épidémie sur le sol africain amène les populations africaines et les professionnels de santé, à ne plus considérer le paludisme comme un risque important de santé et qu’il y a une sous-estimation et surtout une dès - appréciation du risque alors qu’il s’agit d’un véritable problème de santé publique. A partir de recherches (qualitatives et quantitatives) menées au Sud Cameroun entre 2003 et 2005 (équipe composée d’anthropologues et de démographes) les auteurs montrent comment s’opère la gestion du paludisme par les populations en mettant en évidence le savoir des populations sur le paludisme, leurs perceptions du risque, leurs représentations de la transmission et de la maladie, leurs comportements en matière de prévention et de soins, et leurs représentations et comportements en matière de gestion de l’environnement domestique. Les recherches ont permis de faire apparaître un double discours, entre fatalité et initiative individuelle. Face au paludisme qui sévit quotidiennement dans ce milieu rural, les populations interrogées se montrent fatalistes et se sentent dépassés. Cela ne suscite pas de dynamique collective pour prévenir la maladie. Par contre, les auteurs montrent que l'attention portée au corps, à sa vulnérabilité par les populations accentue les logiques de prévention « individualisée ». Les personnes disent connaître «leur» vulnérabilité et essayent de se protéger en conséquence. Si beaucoup tiennent des discours autour de la « chronicité » du paludisme, les gens se mobilisent surtout contre l’accès palustre. Mais en même temps, ils se désintéressent de leur état de santé dès lors que la crise est gérée luttant ainsi contre un stade de la maladie mais sans se guérir complètement de la maladie.